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Info ou intox ?

par | 17 Mar 2012

Le 9 Février 2012, le DGRD (Directeur Général Délégué aux Ressources et aux Dispositifs) et le DGRS (Directeur Général Délégué à la Recherche et à la Stratégie) tenaient une consultation de deux heures à l’université de la Réunion sur la vision  stratégique du Cirad pour les 10 années à venir.

Profitant de leur passage sur l’Ïle, les représentants du personnel du Cirad à la Réunion ont demandé à être invités à cette rencontre pour discuter de l’actualité sociale au Cirad.

En réponse à cette demande, la Direction a décidé d’accueillir les syndicats pendant une heure.

Cet effort aurait eu le mérite, sinon de lever toutes les inquiétudes, mais au mieux de rendre un peu plus lisible pour nos collègues des DOM  les discussions qui se tramaient dans les hautes sphères du CIRAD à propos du traitement des agents ultra marins. Il n’en n’a rien été. Au contraire, c’est une impression de grande confusion qui l’emporte.

La crédibilité des propos tenus par le DGRD est tellement critiquable que ceux qui pensent que la revendication que nous connaissons (à savoir l’illégalité de traitement) est une parenthèse qui se refermera bientôt, se trompe lourdement.

Dans son propos liminaire, le DGRD souligne les réticences du gouvernement dans cette période d’instabilité profonde.

Avec la crise actuelle et les mesures annoncées, le DGRD avait cru assurer l’essentiel mais on est encore loin du compte.

Néanmoins, sur l’amélioration du pouvoir d’achat des salaires les plus bas, l’accord Cospar sera probablement reconduit pour un an conformément à l’annonce faite par le ministre Valérie Pécresse en Janvier 2012.

En revanche, en ce qui concerne la révision de l’indemnité d’outre mer (IOM) et à la convergence des deux conventions vers une convention unique, nous constatons une fois de plus l’absence d’engagement de la DG.

Le renoncement au calendrier de négociation est symptomatique de cet état d’esprit.

Il y a donc de fortes chances pour que peu d’entre elles aboutissent quand on analyse en profondeur les propos tenus par le DGRD.

Pour l’UNSA-Cirad, rien dans ces annonces ne vient invalider la décision d’organiser une mobilisation pour la justice sociale. C’est insuffisant certes ? Raison de plus pour continuer à taper sur le clou avec persévérance.

Sur le plan du contenu, les organisations syndicales de la Réunion, excepté l’UNARED ont présenté au DGRD leur position sur la situation sociale actuelle, avant de lui soumettre leurs questions.

D’entrée de jeu, l’Unsa-Cirad a mis en avant sa vision de lutte contre les inégalités, en rappelant à la Direction : l’obligation qu’elle détenait de l’article 6 al. 6 du décret portant organisation et création du CIRAD qui stipule que : ˜Les conditions générales de recrutement, d’emploi et de rémunération des personnels, pour lesquels il sera établi un régime unique’.

L’unicité édictée par le décret du Cirad a été l’occasion de faire avaliser les revendications récurrentes des domiens par les organisations syndicales. Mais malheureusement le «régime unique» auquel on pouvait se prévaloir a été banni des textes depuis la révision du décret en juin 2010.

Par ailleurs, priver les domiens de la voix de leurs représentants alors que leur droit est si souvent oublié et passé sous silence est discutable, mais se retrancher systématiquement derrière les tutelles et le gouvernement dès qu’il s’agit de revendications indigènes ne devrait pas être un prétexte pour que la Direction se désengage de ses responsabilités dans la lutte contre la discrimination.

Mais encore faut-il que le CIRAD démontre une réelle ouverture sur des mesures visant à éliminer ces inégalités de traitement qui existent depuis plus de 20 ans.

Au lieu de continuer à s’enfermer dans des postures d’un autre âge la Direction devrait saisir la main tendue par les organisations syndicales des DOM dont les salariés plébiscitent l’action pour éteindre ce foyer permanent de tension.

Car, ne perdons pas de vue, qu’il était de la responsabilité de la DG de veiller à l’application et au respect des droits de chaque Domien dès leur intégration au CIRAD en 1988, notamment en y consacrant les ressources nécessaires.

Notons malgré tout, qu’en matière de surrémunération dans les DOM,  le CIRAD attribue 44,12% aux expatriés, contre 10,31% aux agents locaux.

Le coût de la surrémunération des expatriés dans les départements français d’Outre Mer s’est accru de 38,74% en moins de 20 ans.

Pour les agents locaux, l’indice 10,31 a varié de 0% en 10 ans.

Nul désormais ne pourra esquiver ce débat. Comme nul non plus n’est dupe des déclarations flamboyantes faites ici et là par les messies Parisiens.

Devant cette mascarade et l’attitude négative de la Direction nous sommes sortis de la salle parce que nous ne voulons pas cautionner une politique salariale contraire à nos demandes.

Nous sommes sortis pour que notre présence ne serve pas à prétendre à un soi-disant consensus alors que les positions sur la question de la discrimination sont bien souvent irréconciliables.

La Direction doit reconnaitre d’abord ses obligations en matière de droits afin que ses discours soient crédibles. Puisqu’elle ne le fait pas, nous avons choisi une autre façon de nous faire entendre. Ce n’est pas une façon de nous taire. Nous nous faisons déjà entendre autrement et nous continuerons à le faire.